TAPAGE DANS LA PRISON D’UNE REINE OBSCURE
Création 2012
CALENDRIER | DOSSIER | FICHE FINANCIÈRE
Lola a sacré sa fille Reine de sa vie, et, la nommant ainsi, l’a d’emblée enchaînée au moindre de ses désirs.
De moi tu es née
À moi tu appartiens et tu resteras ancrée tous espoirs et naufrages confondus.
De moi tu tiens la vie – pour moi tu vivras et ainsi nous protégerons-nous des hommes et de l’humanité en général – au prix
même de la jeunesse évanouie, le plus écrasant des mensonges fût-il nécessaire pour te river à notre survie – Les années ont glissé et érodé les vies.
Lola est une vieille femme, maintenant, et doucement, Reine s’est usée.
Toutes deux pétries d’amour et d’amertume partagent sous un toit trop commun des jours un peu gris et tranquilles.
Mais, tel l’antique et dérisoire destin, une vieille lettre retrouvée fait voler en éclats l’étrange équilibre de ces deux solitudes enlacées.
Et c’est là que, fauve écumant de rage, surgit dans l’arène l’Adolescente interdite, tout à la fois arbitre et juge, conscience cynique et lucide, pour régler ses comptes à sa reine déchue. Elle a tous les pouvoirs et en joue sans pitié, lançant des gif les cuisantes dont la marque – peut-être – tracera le chemin d’une liberté insoupçonnable.
Pourquoi…
On me demande souvent de dire pourquoi j’écris une pièce.
Le mot « pourquoi » me gêne et me déstabilise.
D’autant que, dans le travail et la complicité qui nous unissent depuis si longtemps maintenant, Didier et moi, c’est toujours lui qui un jour débarque et me lance deux trois borborygmes du genre : « Tu veux écrire pour moi ? » C’est pour un (deux, trois…) comédiens. Il me les nomme et repart.
L’écriture chez moi est si profondément enfouie, si inquiétante et troublante aussi, qu’il me faut ce que lui appelle « incitation » pour m’installer dans ma bulle de solitude et me dire « je vais écrire » (en tremblant).
Cette fois-ci, il a ajouté, presque négligemment, « il faudrait que ce soit sur les relations mère-fille ».
Je n’ai posé aucune question.
Moi-même fille unique, moi-même mère de trois filles, j’ai ressenti un spasme d’angoisse à l’idée de basculer dans un genre auquel je suis maladivement intolérante : l’autobiographie, que j’assimile souvent, (à tort, si l’on veut), à du narcissisme déguisé en art.
Je me suis enfermée dans mes histoires naissantes et, comme souvent, je me suis dit qu’il faudrait aller chercher très loin dans les tréfonds de l’âme, pour mettre à jour les vérités. Leçon héritée de mes maîtres, les Grecs, qui jamais ne cessent de me hanter.
J’ai créé Lola, la mère dévoreuse, Reine, l’enfant parfaite qui jamais ne dit mot et trouve un écho à ses silences dans les écoutes de Jean, le sage petit garçon du troisième étage.
J’ai vite compris que Jean ne pouvait se faire une place dans cet univers de femmes, et j’ai transformé la distribution proposée par Didier : j’ai alors inventé l’Adolescente, cette morte non-née, comme je les aime tant, comme je les crains tant, parce que je sens à tout instant le poids de nos fantômes faire irruption dans nos vies, les malmener, les triturer. Si nous n’y faisons
garde, ils dévoreront le moindre de nos instants de paix…
Alors – pourquoi ?
Pour le bonheur et la souffrance d’écrire, cette obligation masochiste qui s’impose simplement parce que je ne peux pas faire autrement – Pour continuer le chemin avec Didier, qui est un chemin d’humanité – et je n’en trouve plus guère. Pour que les filles se libèrent de leurs mères –
Et les mères de leurs filles – Tout amour a en lui, si l’on n’y fait garde, sa dose perfide de destruction.
Mariane Oestreicher-Jourdain
DISTRIBUTION
Écriture : Mariane OESTREICHER-JOURDAIN
Mise en scène : Didier PERRIER
Interprétation : Dominique BOUCHÉ, Delphine PAILLARD, Renata SCANT
Assistanat et musique : Chantal LAXENAIRE
Mise en lumière : Jérôme BERTIN
Scénographie : Olivier DROUX
Régie : Matthieu EMIELOT
Costumes : Céline KARTÈS
Photographie : Amin TOULORS, Ludovic LELEU
Bande son : Hélène COEUR
Affiche : Alan DUCARRE
Secrétariat / Communication : Sylvie BORDESSOULLE
Administration / Production : Marion HARDY
Partenariat :
La Ferme Théâtre de Moulidars
et la Compagnie Théâtre en Action.
La Compagnie L’échappée est conventionnée avec la Ville de Saint-Quentin,
le Conseil Général de l’Aisne,
le Conseil Régional de Picardie
et le Ministère de la Culture / Drac de Picardie.
PHOTOS
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